jeudi 23 juillet 2009

Je suis là - I'm Here




Je suis là

J'ai enfin trouvé ma part de rêves

Plus réel que jamais

Je suis vainqueur des vastes espaces
où je m'adonne sans cesse à revenir

Ressusciter : surgir à nouveau

J'appartiens à la presqu'île
J'en suis le passeur de songes

Le type distrait muni d'un appareil photo
Qui marche dans son âme et qui entre dans le site en se signant comme on pénètre dans un temple

Je suis le funambule qui évolue toutes paumes ouvertes en direction des arbres comme des antennes paraboliques aux extrémités digitalisées

Le type qui parle aux animaux, à son chien
Celui qui demande aux insectes ailés des souvenirs de tsunamis, des aventures de typhons de l'autre côté de la terre là ou se file la laine grise des ouragans et des cyclones

Je suis le maraudeur des carouges et des merles d'amérique : sans cesse à l'affut des aventures de la mésange qui dit avoir vu la carpe parler au turbot

Lorsque je regarde à l'est, à votre insu, je diminue la distance entre le Bic de la Gaspésie et l'archipel de Montréal de quelques centimètres à la fois : à peine un replis dans la terre comme on tire sur soi une couette de duvet par jour de grands froids.

Je trame en silence l'insurrection des petites fourmis brunes afin d'élargir l'entrée du nid pour y engranger quelques pommettes que j'ai subtilisées à l'écureuil noir qui vient d'échapper pour la deuxième fois à la vigilance du renard

Je n'appartiens à personne : j'appartiens aux fougères, à l'herbe à puces, au chiendent. J'appartiens aux dernières pousses des plantes du sous bois.

J'entretiens des disputes acerbes avec le chien errant qui urine sur le grand plantain et je pense le convaincre par le pouvoir de la pensée

J'ai les poches pleines de cailloux et parfois de brindilles : je n'ai jamais cessé d'avoir dix ans. Il faudrait dix paquets de dix années pour faire de moi un adulte.

Je ne connais aucun d'adulte mais toutes mes relations prétendent en être. J'attends la fin des guerres pour me prononcer sur le sujet.

Pierre

I'm here

I finally found my share of dreams

More real than ever

I won the vast spaces
at ease where I always return

Resurrecting: arise again

I belong to the peninsula
I am the facilitator of dreams

The man distracted with a camera
Who walks in his soul and enter in the site by accomplishing the ritual signs as one enters into a temple

I am the funambule who walks palms open toward the trees as if wearing satellite dishes with some digitalized ends

The guy who talks to animals, to his dog
The one who ask winged insects about their memories of tsunamis, their typhoons adventures on the other side of the earth where is knitted the gray wool of hurricanes and tornados

I am the Marauder of blackbirds and robins of America: constantly on the lookout for the adventures of the chickadee who reported seeing the carp talk the turbot

When I look to the east, without your knowledge, I secretly reduce the distance between the Bic of the Gaspesia and the Montreal archipelago, a few centimeters at the time : just one simple fold in the earth crust as one who pulls himself a duvet down by days of extreme cold.

I silently frame the insurgency of the small brown ants in order to widen the entrance to the nest to gain some cheekbones I've stolen ftom the black squirrel who had just escaped for a second time to the vigilance of the fox.

I do not belong to anyone: I belong to ferns, to grass, to chip in quackgrass. I belong to the last shoots of the plants of the underwoods.

I have a bitter dispute with the stray dog that urinated on the plantain and I feel that I will succeed to convinced him by the power my thoughts.

I have my pockets full of stones and twigs sometimes I have never ceased to be ten years old. It should take ten packets of ten years to make me an adult.

I do not know any adult but all my relationships are claiming to be. I await the end of wars to pronounce myself and to speak on the topic.

Pierre

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